Résonance Corps
Un soin thérapeutique qui se vit
ici et maintenant
©Nelly Kieffer – Dragonis
Le Deuil
Tout au long de sa vie l’être humain est confronté à des pertes successives naturelles, en lien avec sa croissance physique, biologique, psychologique et spirituelle. Les transformations qui en découlent déterminent des transitions et des changements d’état nécessaires à l’acquisition d’un nouveau statut, d’une nouvelle trajectoire.
Elles sont inhérentes à la vie elle-même.
Mais ce parcours de vie est également parsemé de ruptures violentes et de pertes définitives.
Ces événements majeurs sont appelés deuils, ce terme désignant à la fois la perte en elle-même et le processus émotionnel intérieur qui s’ensuit, et que Freud nommera « travail de deuil ».
Qu’il s’agisse de la perte d’un être cher (conjoint, enfant, proche) figurant en tête des événements de vie les plus stressants, ou d’un changement radical de situation (divorce, rupture amoureuse, perte d’autonomie (accident, maladie, vieillesse), perte d’emploi, retraite, déménagement, exil, immigration, …), le processus psychologique normal de cicatrisation de la blessure sera toujours le même : un cheminement émotionnel intérieur et donc solitaire, même si la personne est accompagnée
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. », célèbre vers de Lamartine qui exprime à lui seul l’isolement et l’infini solitude vécus.
La douleur, la tristesse, le désespoir parfois, l’accompagnent dans ce passage obligé qui le mène vers un ailleurs jusque-là inconnu et d’où il renaîtra transformé.
Ce travail de deuil évolutif est quasi universel et se déclenche naturellement dès l’annonce de la perte. Il permet de préserver l’intégrité psychique de la personne endeuillée. C’est une confrontation à l’absence, au vide et au manque et c’est cette rencontre authentique avec les émotions présentes et fluctuantes qui va permettre de se libérer de leur emprise.
Chacun, à son rythme, connaîtra plusieurs étapes qui le conduiront à accepter la réalité.
1
La phase initiale :
c’est l’état de choc émotionnel, la stupéfaction et l’incrédulité à l’annonce de la nouvelle. C’est le temps du déni, relativement court, qui témoigne que la perte n’est pas encore intégrée.
2
La phase centrale dite de dépression :
c’est la « traversée du désert », une phase aiguë du deuil, un état dépressif où les émotions se mêlent et s’entrechoquent. La tristesse et les pleurs, la colère qui témoigne d’un sentiment d’injustice ou d’abandon vis à vis du défunt ou de la vie, la culpabilité de ne pas avoir fait ce qu’il fallait, la frustration.
Cette étape s’accompagne de troubles physiques tels que l’insomnie, la perte d’appétit, la fatigue, les douleurs, l’anxiété et la sensation de vide. On note aussi un désinvestissement au niveau du travail et des relations. La durée de cette phase varie d’une personne à l’autre et s’étend généralement sur plusieurs mois, voire sur une année.
3
La phase de résolution ou guérison :
c’est l’acceptation de ce qui est, la sortie du tunnel et le retour à un équilibre physique et psychique. Le souvenir du défunt ou de l’objet perdu est toujours là mais sans douleur excessive. C’est le temps du renouveau.
Le deuil est donc un travail d’acceptation et d’adaptation. Son bon déroulement dépend de notre personnalité, de notre relation au défunt ou à la situation perdue, de nos convictions personnelles et des pertes déjà vécues car il réveillera toujours les deuils antérieurs non résolus.
Dans tous les cas, il nous renvoie à notre propre mort.
Un accompagnement sera parfois nécessaire. Il apportera une aide précieuse et évitera de s’installer dans le déni et la dépression, symptômes d’un deuil pathologique.
Quelques liens utiles :
Au Pays Basque : https://www.alliance.asso.fr/alliance64/
En Île de France : https://www.christophefaure.com/
À Paris : https://www.empreintes-asso.com/
Les deuils spécifiques à la femme
De par leur nature spécifique qui les rend fertiles, les femmes expérimentent très tôt le deuil. Dès la puberté, le cycle ovarien se développe, et avec l’apparition des premières règles, elles doivent accepter leurs « pertes » menstruelles, signe de l’élimination de l’endomètre, cette membrane qui tapisse l’utérus et s’épaissit chaque mois pour accueillir un œuf éventuel.
Par la suite, pour beaucoup d’entre elles, lors de leur grossesse, elles doivent accepter à l’accouchement la première séparation et faire le deuil de la relation privilégiée et unique avec l’enfant qu’elles ont abrité durant neuf mois.
Puis, dans le flux naturel de la vie, vient le temps de la
ménopause, avec les bouleversements hormonaux qui, une fois encore, modifient leur corps. Elles doivent alors accepter la perte de leur spécificité. C’est une période délicate et douloureuse, physiquement et psychiquement. Pour mener à bien cet important travail de deuil, elles devront se libérer des mémoires inconscientes et faire fi des croyances séculaires de trop nombreuses sociétés qui considèrent la femme ménopausée comme une vieille femme.
En se tournant vers la sagesse de certains peuples anciens d’Océanie ou d’Afrique du Sud, où la ménopause est considérée comme valorisante, elles trouveront une opportunité de franchir ce grand passage initiatique et pourront vivre une véritable transformation. Ainsi, en accouchant d’elles-mêmes, elles deviendront leur propre sage-femme.
De nouvelles terres intérieures jusque-là ignorées s’offriront à elles et leurs permettront de manifester encore et encore la vie grâce à une créativité différente et cependant tout aussi aimante.
Au-delà des deuils successifs de la vie intrinsèque des femmes, surviennent parfois des pertes bouleversantes telles qu’une fausse couche ou un avortement (choisi ou thérapeutique). Ces ruptures intérieures génèrent des émotions propres au travail de deuil bien évidemment qui peuvent cependant être décuplées en fonction du contexte. La culpabilité, la dévalorisation, la colère et la tristesse seront toujours de mise (consciemment ou inconsciemment). Elles pourront se vivre et être traversées dans le cadre d’un environnement bienveillant, ouvert et aimant.
Mais dans le cas contraire, si l’événement doit être nié, occulté ou caché, la femme éprouvera une grande solitude, un sentiment d’abandon et l’image qu’elle a d’elle-même s’en trouvera encore plus dépréciée. Elle pourra alors être tentée d’enfouir cette épreuve au plus profond, trouvant ainsi la solution qui lui permettra de continuer sa vie. Mais un jour ou l’autre, un mal être sans cause spécifique, difficile à identifier, pourra apparaître. Il lui importera alors de partager la détresse qui a été la sienne à l’époque auprès d’un groupe de femmes, d’un thérapeute ou d’une association.
Association écoute IVG : https://www.ecouteivg.org/